Une nouvelle contribution de Josette, auteur de plusieurs vaccins anti-virus. Dans son laboratoire forestier, l’imagination travaille, le langage s’affirme,la mémoire est à l’oeuvre, pour concocter le plus puissant remède contre les terreurs qui étouffent.
Garder les yeux ouverts, l’esprit ouvert, voilà ce qui ressort de ce texte ; cela me frappe d’autant plus que, ce matin, en faisant mes courses à Gournay, j’ai croisé des morts-vivants, regard rivé au sol, comme si le virus passait par les yeux ! Peuple pétri d’angoisse qui n’a même plus besoin d’avoir la Gestapo à sa porte pour courber le front… Quel soulagement lorsque l’on croise un être humain qui sourit, comme un compagnon de cordée ou d’équipage : oui, ça existe encore, et on sent là tout le prix du sentiment de solidarité ! A.G.
INTERDITS
Dépôt de nourriture
Déplacement en voiture
Il devient difficile
De se montrer docile.
Ce mot confinement
Finit par sonner:
Enfermement.
Et la population
Se prend à rêver :
Évasion.
Chaque jour plus de morts
Chaque jour mauvais sort;
On finit par s’habituer,
À banaliser le danger.
Respecter les consignes,
Toujours se montrer dignes,
Pas de révolte
Pas de fausse note,
Accepter sans remords
Ce terrible coup du sort.
Que sera l’avenir :
Ne sera-ce pas pire?
Sur quel pied danser?
On se prend à imaginer,
On aimerait de la douceur
Conjurer cette noirceur,
On cherche dans le passé
Ce qu’ont vécu nos aînés.
Anne Franck, emmurée.
Pauvres gens derrière les barbelés,
Et cette horreur a duré
Pendant bien des années.
Rêve ou Réalité ?
Mais où est la Vérité ?
Il nous faut, sans coup férir,
Ne pas penser au pire
Et garder le sourire.
Josette Méhu