Pâques ou pas Pâques ?
À la faveur du confinement, certaines voix étouffées se font entendre : immobilité physique et agilité psychique peuvent faire très bon ménage. C’est l’expérience de l’une des contributrices les plus fécondes de ce blog interactif. La situation surréaliste dans laquelle nous nous trouvons, débloque chez elle un verrou qui retenait les mots, les rythmes, une musique intérieure ; tout cela la ramène à ses jeunes années pendant lesquelles les cours de français lui avaient fait aimer la lecture et l’écriture : ce qui aidait la petite pensionnaire à surmonter l’éloignement de la famille vient au secours de la femme d’aujourd’hui, séparée de ses amis par un confinement vécu dans de bonnes conditions, certes, mais néanmoins anxiogène.
N’avons-nous pas là une image de l’éternité , cette boucle du Temps qui nous permet, dans le même moment, de retisser les liens qui forment l’unicité de la personne, à travers son langage propre, retrouvé sous les formatages et déformations imposées par le cours de l’existence en société ?
Pâques
Le jour de Pâques est arrivé !
Personne ici pour le fêter.
Nous devrions être rassemblés,
Prier Jésus ressuscité !
Les enfants tout excités
En quête des oeufs dissimulés…
Le temps s’est figé, arrêté.
Quel vilain tour nous a-t-on joué?
La famille autour de la table,
- Le bonheur est-il bien stable ? -
Réunie pour déguster
L’agneau pascal sacrifié.
Sommes-nous tous des mécréants,
De notre bonheur ignorants ?
Cette époque nous malmène,
nous interroge et nous amène
À nous questionner sérieusement,
Sans tricher, sincèrement…
Jamais satisfaits de notre sort
Toujours plus et plus encore…
Ne saurons-nous jamais nous contenter
De ce que la vie nous a apporté?
Le moment est venu de s’interroger
Sur la suite à lui donner.
Josette Méhu
Corona déclaré
Virus abhorré
Quand vas-tu te décider
De nos vies décamper ?
Le monde s’affole autour de nous.
Quand arriverons-nous au bout
De ce chemin semé d’embûches,
Tracé pour nous par quelques cruches ?
La nature reprend ses droits ;
Le coucou chante comme chaque fois ;
Les hirondelles ont investi ;
Comme chaque année leurs nids.
Il y a juste les humains
Pour rester sur leur faim.
Peu d’activité – pas de bénéfices ;
Mais comment gagner sans artifices ?
Reprend-on sa vie sans questions
Après une telle aberration ?
Notre intellect est touché.
Fallait-il être insensé
Pour réaliser que, devant ses yeux,
Le monde entier était en feu ?
Raison-raison-raison.
Est-ce donc l’Apocalypse
Proclamée avec aplomb
Par les prophètes apocryphes ?
Chronique d’une mort annoncée.
Page blanche rêvée.
Le monde court à sa perte :
Vite, vite, planète verte !
À notre secours, accourez !
Disparaissez, mauvais conseillers !
Marchands du Temple, balayez !
Désolée, je vais finir par vous lasser…
Josette Méhu